Du Rugby et des Hommes

Des mêlées fumantes, noyées de pluie, surgissent des monstres de glaise seulement percée de regards fous. Golems enfantés de la terre par une ensorcelante mandragore. Le secret de Titans que Pavan exhume au bout de son scalpel en arrachant à la matière un bout de leur légende.
Creuser, gratter, coller, polir... pour saisir la liberté et la légèreté de corps révélés à même le pisé, dans le soyeux de la lie de vin, du brou de noix ou de l'encre de chine.
Empreintes massives, brutes. Silhouettes épurées, aériennes, saisies dans des gestuelles mémorielles. Arabesques intemporelles. Cette fluidité répétée, mimée inlassablement aux miroirs de l'enfance.
Du rugby et des hommes. De cette révélation qui se chuchote au bord d'un torrent pyrénéen comme sur les épines d'un atoll de corail en plein Pacifique. Magie de l'universalité et de la différence. Mélange des temps. A travers les âges, ces messagers de poussière aux rêves reptiliens cultivent les vertus de civilisations oubliées, rongées de cupidité.
Psalmodié jusqu'aux confins du monde, leur mantra est gascon puisé aux sources de sagesses ancestrales : "Un pour tous, tous pour un". Les grands et les petits. La force et l'esquive associées, pour s'inventer des utopies collectives. Drapées dans la fierté d'une oriflamme, d'un maillot. Sur ces ilots marins où naissent tous les mythes du jeu. Pour s'affranchir aussi des douleurs de corps martyrisés, guerriers fragilisés par des joutes surhumaines.
Et enfin trouver la paix des âmes. Une rédemption.